Né en 1937, Jacques Aslanian a 14 ans et son certificat d’étude lorsqu’il rejoint son père cordonnier-bottier « sur la banquette » pour s’initier au métier. De fait, Jacques connaît déjà par cœur les gestes qui lui sont transmis et présente une habileté et un goût prononcé pour le travail du cuir. Toutes les dispositions pour faire un bon bottier sont réunies.

Il fait ses débuts comme ouvrier cuir et finisseur pour la maison Henriot en 1952, avant de rejoindre la maison Sloviwk-Piquet, dans le quartier de Belleville, où il est embauché comme finisseur « Louis quinzier* ». Il y apprend également le patronage et le montage mais doit interrompre son activité pour d’obligations militaires de 1957 à 1960.

Après ces quatre années d’interruption, il rejoint l’atelier de cordonnerie de son frère dans le 12ème arrondissement où il va surtout faire de la réparation. Il enchaîne ensuite avec un poste de responsable de magasin de chaussure à Denfert-Rochereau. Puis s’installe à son compte en 1964 dans un atelier de la rue Boucicaut dans le 15ème arrondissement, qu’il va occuper pendant 34 ans. En plus des réparations, il se spécialise dans la chaussure sur-mesure pour hommes.

Exproprié en 1998, il installe un atelier chez lui pour continuer à travailler jusqu’à sa retraite en 2000. Mais comme un bottier ne décroche jamais tout à fait, Jacques continue à faire des chaussures pour ses anciens clients, en même temps qu’il conseille et guide le cordonnier Pascal Carno. Il a notamment mis au point pour lui les formes et les modèles d’une collection de chaussures pour hommes.

En plus de toutes ses activités, Jacques se consacre à l’enseignement en transmettant son savoir-faire et sa passion aux élèves de l’association AMA - Atelier Maurice Arnoult. Il y officie une demi-journée par semaine, pour le plus grand bonheur des adhérents.

* Marteau de bottier utilisé pour former la tige de cuir en la frappant sur une forme.